''Transition énergétique, quelles opportunités locales'', un séminaire organisé par l'AURAV

Téléchargez le programme de la journée du 3 décembre''

Une belle réunion de travail qui a passionné la centaine de personnes présentes.

Voici quelques extraits de mon introduction en forme de questionnement pour lancer les différents intervenants :

Je suis heureux de vous accueillir à ce séminaire sur la transition énergétique que nous avons tenu à organiser en pleine COP 21de manière à permettre aux acteurs locaux d’être mobilisés en même temps que les nombreux chefs d’Etat réunis à Paris. En effet, la transition énergétique ne concerne pas seulement les nations, elle doit aussi et pour longtemps devenir une finalité centrale et systématique de nos actions dans nos territoires. C’est la raison pour laquelle, notre séminaire pose la question : « quelles opportunités locales ? ». L’enjeu est de faire prendre conscience aux acteurs des territoires qu’ils ont capacité à agir et de responsabiliser ainsi les collectivités, la société civile, les entreprises, mais aussi les ménages, etc …

A travers ce séminaire, l’agence d’urbanisme a voulu participer à cette mobilisation sous trois angles :

1) L’angle de la responsabilité locale : quels sont les enjeux et quel rôle le Vaucluse et ses territoires peuvent-ils jouer dans le processus de transition énergétique ? Concrètement que pouvons-nous faire ? Que devons faire ? Quelles sont nos ressources ? Quels sont nos facteurs d’évolution ou d’inertie ?

En matière d’urbanisme et de planification, par exemple, nous le savons, il n’y aura pas de véritables solutions énergétiques sans repenser dans leur ensemble les questions d’aménagement du territoire, ne serait-ce que parce que l’aire urbaine d’Avignon est la moins dense de France, qu’elle a connu la plus forte extension de France entre 1999 et 2010 et que 60 % de ses actifs se déplacent chaque jour dans une autre commune pour aller travailler, dont 95 % en voiture.

Nous devons pour cela être en mesure d’évaluer les effets de nos modes de développement sur nos consommations énergétiques, et nous verrons à quel point notre mode de développement est une source majeure de ces consommations et donc que celui-ci est un levier clé de la transition énergétique.

2) 2e angle d’approche : c’est celui des marges de manœuvre financières des collectivités.

Si la transition énergétique est bien une question à la fois environnementale, climatique, sociale, de choix de société, d’avenir de nos modes de vie, de souveraineté, nous avons aujourd’hui surtout souhaité l’aborder à travers les questions financières et économiques qui se posent de manière aiguë du fait des réductions des dotations de l’Etat et plus généralement de la raréfaction de l’argent public. .

3) Enfin 3e angle d’approche : à travers la présentation d’expériences concrètes réussies, nous montrerons que la transition énergétique est déjà à l’œuvre, que non seulement elle est possible mais qu’elle est source d’innovation et d’amélioration de notre cadre de vie.

Je veux souligner l’enjeu financier et économique de la transition énergétique car il y a là sans doute le frein majeur à la mobilisation et à l’action énergétique du fait que la sobriété et la performance énergétique couteraient cher ? On ne peut le nier. C’est pourquoi la transition énergétique doit être aussi une transition vers des opportunités financières et économiques à saisir pour nos territoires et collectivités.

Un chiffre pour mesurer l’enjeu sous un angle qu’on n’a pas l’habitude de prendre en considération alors qu’il est loin d’être négligeable : le montant des dépenses consacrées à l’énergie (taxes incluses) est d’environ 1 000 euros par habitant et par an. Cela signifie que sur un territoire de 600 000 habitants comme le Vaucluse, ce sont 600 millions d’euros qui sont dépensés par an. Où va cet argent ? La quasi-totalité quitte le territoire sans qu’on s’y intéresse vraiment. Cet argent est perdu pour le Vaucluse, il ne tourne plus chez nous, il est parti ailleurs.

D’où ma question : comment faire pour que la dépense énergétique conforte notre économie locale ? peut-on faire de la facture énergétique un levier de développement de l’économie locale ?

L’ancrage local de la dépense énergétique doit devenir un objectif à part entière des stratégies énergétiques des territoires. Il s’agit ainsi d’inclure une dimension économique et financière dans nos politiques territoriales (Plan Climat Energie, SCoT, PLU, PDU, PLH, projets urbains…) afin de réduire les factures des ménages, des entreprises et des collectivités et capter dans nos territoires et pour nos territoires une plus grande partie de ces sommes dépensées pour l’énergie.

Faire de l’énergie un levier de développement local c’est passer de la logique d’une fatalité de dépenses à une opportunité de ressources. D’où la nécessité d’inventer un nouveau modèle économique local.

Pour réduire à la source la facture énergétique, plusieurs pistes font relativement consensus aujourd’hui : favoriser l’isolation thermique des logements, préférer à l’automobile les transports collectifs, les modes doux ou le covoiturage, densifier l’habitat, etc.

Mais si l’on veut aller plus loin, et l’on doit aller plus loin car selon de nombreux spécialistes, les prix de l’énergie seront à l’avenir, et dans tous les cas, bien supérieurs à ce qu’on connait aujourd’hui, eh bien posons-nous la question de savoir si, en matière de production et de distribution d’énergie, on peut identifier des choix plus favorables que d’autres pour ancrer localement la dépense énergétique ? Ne pourrait-on pas, par exemple, investir localement dans la production d’énergies renouvelables et faire ainsi de l’énergie une source de revenus pour nos territoires ? Quelles filières locales pourrions-nous privilégier ?

Finalement, à bien y réfléchir, la question énergétique est certes une question technique, règlementaire et financière mais c’est aussi et peut-être avant tout une question culturelle, une question de connaissance, de pédagogie, d’intelligence collective, de collaboration et de mobilisation, bref la question énergétique débouche sur un défi organisationnel et de gouvernance.

Attachons-nous à nous inscrire de façon positive et enthousiaste les objectifs ambitieux définis aux échelles internationales, nationales et régionales, et attachons-nous également à bien cerner les possibilités et à saisir les opportunités de nos territoires. Soyons créatifs !

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