voeux aux Montiliens

Hier soir, des voeux un peu particuliers devant un public très attentif.

Ci-dessous le texte de mon allocution

Mesdames, Messieurs, chers amis, chers concitoyens, je suis heureux de vous retrouver pour cette traditionnelle cérémonie des vœux, la première de cette nouvelle mandature. En mars dernier, vous nous avez renouvelé votre confiance, vous avez validé ainsi le projet de ville que nous vous avons présenté. Ce programme est en route mais il est sain que, de temps en temps, nous fassions avec vous un point sur la situation. Cette cérémonie nous en fournit l’occasion. J’ai plaisir à la conduire, entouré de mes collègues élus et des conseillers juniors qui se joignent à moi pour vous souhaiter une bonne et heureuse année.

Alors, comment se présente cette année 2015 ?

Eh bien, à dire vrai c'est dur dur ! Elle démarre très fort, cette année 2015.

On vient de vivre une semaine abominable, une semaine sanglante qui a ému non seulement la France, mais le monde tout entier. Vous comprendrez qu’après une telle épreuve, j’y consacre l’essentiel de mon discours de ce soir. Nous avons connu l’horreur et à son tour cette horreur risque de faire émerger un mal encore plus profond, un mal que le poète appelle … la bête immonde.

Mes chers amis, nous vivons des moments très graves. Je vous demande d’observer une minute de silence à la mémoire des 17 victimes innocentes de cette tuerie, 17 hommes et femmes qui étaient chrétiens, musulmans, juifs et athées. Ils étaient différents, ils sont aujourd’hui égaux et réunis dans la mort par la folie meurtrière de 3 terroristes. Ayons une pensée pour les familles des victimes et aussi en faveur de la paix dans le monde.

Jeudi soir, nous étions près de 1500 personnes à être rassemblés à Monteux sur la place des Droits de l’Homme. Nous avons partagé une grande émotion ainsi qu’une grande attente d’union nationale pour tenter d’éviter que le pays ne se divise dangereusement.

Hier à Avignon, à Marseille, à Lyon, à Bordeaux, à Grenoble, dans nombre de villes de France, et bien sûr à Paris, mais aussi dans les grandes villes du monde nous étions également des millions et des millions à dire

  • NON, pas ça !
  • NON au terrorisme !
  • NON à la barbarie !

Hier dimanche, la France est redevenue la capitale des Droits de l’Homme aux yeux du monde. 50 chefs d’Etat ont fait le déplacement pour accompagner notre Président de la République. Quelle magnifique image que celle de ces 50 chefs d’Etat, bras dessus, bras desssous, ouvrant dans Paris la marche contre le terrorisme ! Puisse cette image donnée au monde être suivie de faits très concrets.

Les Droits de l’Homme, c’est la civilisation qui s’oppose à la barbarie et à la loi de la jungle.

Mes chers amis, je vous le demande solennellement, ne tombons pas dans le piège grossier des terroristes. Evitons de creuser ce fossé que les extrémistes ouvrent entre nous. On ne répond pas à la haine par la haine, pas plus qu’on ne répond à la barbarie par la barbarie. Retrouvons-nous dans la valeur la plus essentielle de notre République : le respect mutuel.

  • Disons NON à tous les extrémismes, de quelque nature qu’ils soient.
  • Disons NON à la petite musique de tous ceux qui ne cherchent qu’à nous diviser.
  • Ne nous laissons pas abuser par le chant des sirènes qui cachent leur vrai visage,
  • mais qui hier ont fait bande à part en se moquant.
  • Disons NON à tous les porteurs de haine et …
  • apprenons à vivre ensemble,
  • apprenons à vivre en paix,
  • apprenons à nous respecter les uns les autres.

Que la fraternité ne reste pas un simple mot inscrit au fronton de nos édifices publics, mettons-la en œuvre chaque jour de notre vie. C’est mon vœu le plus cher pour l’année à venir, un seul mot d’ordre : FRATERNITE.

A côté de ces tensions extrêmes qui sous-tendent notre société, nos problèmes quotidiens qui pourtant nous accaparent tant en temps normal, deviennent assez dérisoires. Que la tragédie de la semaine dernière nous aide à les relativiser et à remettre à sa juste place ce qui n’est pas vraiment essentiel.

Avant le drame, je comptais aborder aujourd’hui avec vous un sujet qui préoccupe beaucoup les communes et communautés, en ce moment : celui des restrictions financières que nous impose l’Etat dès cette année 2015 et pour les années qui suivent ; une vraie cure d’austérité ! Mais finalement, je vais passer assez vite car aujourd’hui ces difficultés passent au second plan devant ce que nous vivons

Voyons quand même comment se pose le problème ?

Eh bien oui, l’Etat nous a annoncé que, pour les 3 années à venir, il allait réduire de manière drastique les dotations qu’il nous accordait jusqu’à maintenant. Tel est l’effort demandé aux collectivités locales pour participer au rétablissement des comptes de la Nation. La demande est légitime mais la pilule est amère.

Le but : retrouver notre compétitivité au niveau international.

Pour Monteux les mesures envisagées se traduisent par près d’un million d’euros en moins dans le budget de la commune, en trois ans. A titre de comparaison, si l’on voulait compenser cette perte de recettes par l’impôt seul, il faudrait augmenter de 20% notre fiscalité locale. Je ne pense pas que vous apprécieriez forcément une telle décision car je connais bien les difficultés des familles.

Je ne cherche pas à faire peur, on va se battre, on va relever ce défi. Fort heureusement, à Monteux, nous avons d’autres recettes que les dotations de l’Etat car nous avons anticipé tout au long de ces dernières années en dotant notre cité de marges de manœuvre propres. Nous allons aussi faire des économies, comme par exemple reporter la fête de la Légende des siècles qui tombait cette année à Pentecôte. On va gérer au plus près, et nous n’en mourrons pas si nous devons serrer un peu la ceinture des finances communales. On n’a pas toujours vécu dans l’opulence, ce n’est pas une mauvaise chose de revenir à l’essentiel. Et puis comme on disait dans les années 70, après le choc pétrolier : «En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ».

Donc pas de morosité, mais du courage, de la bonne humeur, de l’ingéniosité !

Les difficultés financières ne sont pas fondamentales. On s’en sortira. Ce ne sera pas forcément facile, mais on en a vu d’autres et on va être bons, car, à Monteux, on a l’habitude d’être bons !

Je me proposais ensuite d’aborder le sujet de Beaulieu. Là c’est pareil, je ne vais pas développer. Disons simplement que la réalisation du projet suit son cours, les parcs avancent, les permis de construire des habitations sont à l’étude, tout finit par arriver ! Beaulieu, ce n’est plus l’Arlésienne dont certains se moquaient, le projet est entré dans ses phases opérationnelles, les choses se font au rythme de la vie actuelle qui n’est pas simple.

Même notre opposition qui jusqu’à maintenant raillait le projet, ne voilà-t-il pas qu’au dernier conseil communautaire, elle a voté à l’unanimité les 3 délibérations très importantes qui étaient présentées. J’ai très apprécié ces votes unanimes qui mettent un terme à de longues années d’opposition stérile et marquent l’union de notre cité autour de ce grand projet aux retombées très importantes pour notre commune, avec de nombreux emplois pour nos concitoyens. Il n’y a que les sots qui ne changent pas d’avis. Je salue l’opposition pour cette position constructive. C’est quand nous sommes unis que nous sommes les plus forts et précisément, nous sommes dans une période où, plus que jamais, nous devons être forts et unis.

Autre grand chantier, on travaille aussi à la revitalisation du centre ancien, avec l’installation de nouveaux artisans d’art et de nouvelles animations. Des rénovations d’îlots de maisons dégradées sont en cours de programmation.

Un mot sur le train maintenant, oui il va finir par circuler à partir de fin avril, avec certes un peu de retard sur le calendrier. Mais rien de bien dramatique. Voilà, tout finit par arriver.

Comme vous le voyez, Monteux avance ! pas de soucis !

Le monde change Ce qui m’inquiète le plus, ce qui doit nous interpeller le plus à mes yeux, c’est que le monde change et qu’il change à la vitesse grand V.

On parle de crise, en fait ce qui se passe, c’est un changement de société, un changement en profondeur du monde dans lequel nous vivons. Désormais plus rien ne sera comme avant. Et en attendant, tout craque !

On le sait depuis quelques années sur les plans économiques et financiers, l’argent public devient de plus en plus rare, l'écart se creuse entre les plus riches et les plus pauvres : les riches deviennent plus riches, et les pauvres plus pauvres. Ce qui, indéniablement, contribue à faire bouillir la marmite et de ce fait doit requérir toute notre attention.

Aujourd’hui, en plus de ces questions d’argent, diverses réactions aux attentats révèlent une exacerbation des tensions sociales : cela va de la simple défiance vis-à-vis de l’autre dès lors qu’il est différent jusqu’aux plus vives expressions de haine raciale. Des haines qui s’expriment aussi bien d’un côté que de l’autre ! Depuis plusieurs années, j'ai l'impression qu'on s'est un peu habitué dans ce pays à ce que la haine monte de tous côtés. Le racisme, la xénophobie, le rejet de l’autre en général, aujourd’hui, les haines s'expriment de plus en plus à visage découvert et les défenseurs des libertés ont trop tendance à se taire. Il faut sortir du silence. Il faut que les républicains se lèvent et affirment haut et fort leurs valeurs pour vivre ensemble dans le respect mutuel.

Vivre ensemble, vivre en société, c’est accepter les règles de cette société. Ça commence gentiment mais si c’est nécessaire, ça se durcit pour ceux qui ne veulent pas comprendre qu’il faut respecter les règles et les lois. Ce que je dis là se décline à tous les niveaux de la vie, notamment de la vie courante car c’est dans le quotidien le plus banal que se nourrit la plupart du temps cette haine de l’autre.

Quand par exemple, dans un quartier, vous avez une ou deux personnes qui systématiquement transforment l’espace réservé aux ordures ménagères en véritable dépotoir, comment voulez-vous ne pas maudire l’autre et avoir plaisir à vivre avec lui. De tels cas existent malheureusement, j’ai donné des consignes strictes pour lutter contre ces délinquants de l’hygiène et de la propreté, car oui à leur manière ces gens-là sont des délinquants.

Il en est de même des déjections canines qui souillent la chaussée. Certains propriétaires de chiens sont respectueux et ramassent les productions de leur animal de compagnie bien que, je le reconnais, ce ne soit pas très ragoûtant. Mais faut-il laisser des sans-gêne polluer la vie des habitants de toute une ville ? Si les propriétaires ne ramassent pas, il y a des employés municipaux qui nettoient derrière et ce n’est pas gratuit. Je me suis posé la question d’une taxe sur les chiens ? Mais non, il y a des propriétaires de chien qui sont respectueux. Ceux qu’il faut faire payer, ce sont les sans-gêne. J’ai pris un arrêté en ce sens fixant le tarif des amendes. A la police municipale de l’appliquer.

Autre sujet d’agacement général : la vitesse excessive de certains, mettant en danger la vie d’autrui et créant un sentiment d’insécurité particulièrement malsain. Là aussi, j’ai donné des consignes strictes pour faire la guerre aux chauffards. Tolérance ZERO !

J’aurais préféré, en ce début d’année, vous parler du plaisir de vivre dans une ville où les gens sont respectueux les uns des autres, où les gens font preuve de civisme dans la vie de tous les jours. En fait c’est bien de ça que je vous parle mais avec des mots différents.

La très grande majorité des Montiliens sont attachés à notre bonne ville de Monteux, ils font attention, ils sont respectueux, mais il se trouve une petite minorité qui ne respecte pas les règles de la vie en commun.

Donc rigueur !

  • Rigueur pour la propreté de la ville,
  • rigueur dans le respect du stationnement,
  • rigueur contre les chauffards,
  • rigueur contre tous les comportements inciviques.

Je ne me fais pas d’illusion, la perfection n’est pas de ce monde, je sais qu’il y en a qui passeront à travers, je sais que je ferai des mécontents parmi ceux qui, habituellement, sont respectueux mais qui un jour se feront épingler pour un moment de relâchement. D’avance, je demande à tout-un-chacun de comprendre que c’est pour un bien général et qu’on ne peut pas trop faire de détails.

Voilà Mesdames et Messieurs, chers amis, les points que je voulais souligner à l’occasion de ces vœux. J’aurais eu encore beaucoup d’autres choses à vous dire. Par exemple que la ville avance bien, qu’elle est de plus en plus reconnue, de plus en plus citée en exemple à l’extérieur. C’est la réalité et nous pouvons en être fiers. J’aurais aimé détailler les travaux qu’on va entreprendre ici et là, les actions de solidarité, les actions en faveur des jeunes, des personnes âgées, car on va avancer dans ces domaines-là. Mais j’ai dû faire des choix et aller à ce qui me paraissait le plus essentiel, à savoir l’humain, oui l’humain dans une société en pleine mutation.

Comment faire pour qu’on puisse vivre en paix, dans le respect mutuel ! La solution tient en 3 mots archi-connus : Liberté, Egalité, Fraternité ; 3 mots qu’il faut décliner dans tous les domaines et que tous doivent respecter.

Etre Français, ce n’est pas seulement avoir des droits ; être Français, c’est d’abord exercer ses devoirs. Les droits, ça se mérite ! Soyons dans l’esprit de la République, tout simplement, et tout ira mieux.

J’ai confiance en la conscience de chacun. J’espère que l’immense mobilisation d’hier – plus de 4 millions de personnes, la plus grande mobilisation jamais vue en France – j’espère qu’elle portera ses fruits et qu’elle sera durable. J’espère vivement que tout cela débouchera sur du concret au niveau national et international bien sûr, mais aussi au niveau local.

C’est pourquoi de notre côté, dans les jours qui viennent, avec mes adjoints et conseillers, nous allons travailler à la question, et prendre des mesures pour éviter que la haine ne gagne du terrain. Nous avons là un vrai défi, un véritable enjeu de société qui doit retenir toute notre attention bien au-delà des problèmes quotidiens que nous avons à gérer.

Je crois à une prise de conscience générale car ces derniers jours j’ai ressenti la force des émotions partagées face au drame, une force extraordinaire qui a fait titrer un grand quotidien national : « Nous sommes un peuple ». Oui, nous sommes un peuple et ce peuple de France aspire profondément à vivre en paix. J’ai mesuré à quel point les Français qui se sont déplacés pour manifester sont attachés à la France et à la République.

Hier dimanche, dans la rue ou devant la télé pour ceux qui ne se sont pas déplacés, nous avons vécu un grand moment historique, historique avec un grand H, un vrai grand moment de retour aux fondements de notre République. Nous avons ressenti une immense aspiration à un monde fraternel où les hommes et les femmes vivraient libres et égaux.

Etions-nous sous le coup de l’émotion ? sans doute ! Serait-ce une utopie ? Peu importe, osons l’utopie ! c’est le propre des vœux d’y croire, donc je veux y croire.

Mesdames et Messieurs, chers amis, je vous souhaite le meilleur dans un monde apaisé où la liberté, l’égalité et la fraternité sont la règle et où chaque jour qui passe vous donne de bonnes raisons d’être heureux de vivre.

Que 2015 soit la meilleure de toutes les années qu’on n’ait jamais vécue !

Vive Monteux

Vive la République

Vive la France

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