« Chose promise, chose due » !
J’avais promis au groupe des « amis de la mémoire » de faire sculpter dans l’année un buste de Frédéric Mistral pour orner cette Fontaine des Félibres à l’occasion du 100e anniversaire de la mort du poète. Voilà, c’est aujourd’hui chose faite. Un petit contretemps ne nous a pas permis de l’inaugurer en septembre dernier comme cela était initialement prévu !
Nous avons alors fait le choix d’attendre quelques mois de plus pour associer cette cérémonie à un autre grand moment de la culture provençale : la remise du Prix Nicolas Saboly à Henri Moucadel.
Mais, une chose après l’autre, Henri Moucadel ce sera tout à l’heure à l’église, pour l’instant occupons-nous de Frédéric Mistral ! Commémorer le centième anniversaire de sa mort nous permet de mettre en lumière la modernité de sa pensée notamment dans l’importance qu’elle donne à l’attachement au terroir, à la langue, à la culture locale, bref aux racines dans un monde où tout bouge tellement qu’on en vient à perdre ses repères.
Né en 1830 à Maillane et mort le 25 mars 1914 également à Maillane, Frédéric Mistral est un des 7 pères-fondateurs du Félibrige qu’il crée en 1854 avec Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Anselme Mathieu, Jean Brunet, Paul Giera et Alphonse Tavan. Pour ceux qui l’ignoreraient, le Félibrige c’est – je cite – cette « association littéraire d'esprits choisis et sérieux qui ont la volonté et les compétences pour restaurer la langue et la littérature provençale, loin des troubaïres faciles et grossiers ». C’est ainsi qu’ils se sont décrits eux-mêmes dans leurs statuts. Mistral est sans doute le plus célèbre des Félibres. Il a accompli un véritable travail de bénédictin pour réaliser son fameux dictionnaire de la langue provençale : « Lou Tresor dou Félibrige ». Il a écrit aussi des chants et des romans en vers à l’imitation d’Homère dont il se dit lui-même être un « humble élève ». Je ne citerai que « Mirèio », publié en 1859 après 8 ans d’efforts. Il s’agit d’un long poème épique en provençal, en vers et en 12 chants. Il raconte les amours contrariées de Vincent et de Mireille, deux jeunes provençaux de conditions sociales différentes. A travers eux, l’auteur retrace la vie quotidienne des Provençaux, leurs activités, leurs traditions etc. Mistral l’a traduite en français. Elle a également été traduite en une trentaine de langues, de l’arménien au chinois en passant par le finnois et le russe. Charles Gounod en fera un opéra en 1863, dans lequel il reprendra notre bien connu hymne à Saint Gens. Poète de la Provence éternelle,
Frédéric Mistral a exercé une influence sur toute une littérature, de Barrès à Valéry. Il a refusé à plusieurs reprises un fauteuil à l’Académie française, mais il s’est vu décerner le Prix Nobel de littérature en 1904 pour l’ensemble de ses œuvres. C’est lui qui écrit : « Quand le bon Dieu en vient à douter du monde, il se rappelle qu’il a créé la Provence »
Je vais laisser à Dominika Griesgraber le soin de présenter son œuvre mais auparavant, pour terminer, je tiens à remercier chaleureusement les associations Parlaren Mountèu et la Ruche carpentrassienne pour leur participation à cette cérémonie, ainsi que Raymond Chabran, maire honoraire, qui a pris une part importante dans cette cérémonie.
Le buste du poète est encadré. Il contient deux éléments plastiques : une branche d’olivier et une feuille de papier avec un motif de la broderie arlésienne. Autant de symboles de l’attachement fort de Mistral aux particularités de la nature et de la culture Provençale.