Hommage à Michel PIOVAN

Belle journée, très émouvante organisée par l'ESM en souvenir de Michel : dépôt de gerbes, repas avec la famille, matchs amicaux au stade et puis dévoilement de la plaque "vestiaire Michel PIOVAN" sur la porte du vestiaire des arbitres de rugby.

Michel a été joueur de haut niveau, arbitre et dirigeant du club. Il a été également, jusqu'à ses derniers jours, directeur des services extérieurs de la ville de Monteux malgré sa terrible maladie handicapante. Michel nous a donné un magnifique exemple de courage et d'humanité.

ci-dessous, le discours que j'ai prononcé à cette occasion

Mesdames Messieurs, chers amis bonsoir,

C’est à un grand moment d’émotion que nous sommes conviés ce soir. Toutes celles et tous ceux qui ont été très proches de Michel PIOVAN ne peuvent qu’être très émus ce soir à l’évocation de sa mémoire, nous sommes un certain nombre dans ce cas ce soir ici.

Le premier, par lequel tout s’ensuivit, est mon Premier adjoint Pierre MARGAILLAN Au début des années 70, Pierre était dirigeant à l’ESM ; c’est lui qui, sur les conseils enthousiastes de Gildo, l’oncle de Michel, est allé à Narbonne le faire signer pour venir jouer à Monteux avec dans la poche une promesse d’embauche à la Mairie signée Raymond CHABRAN, alors 1° adjoint du sénateur Edouard GRANGIER. Michel a toujours gardé un profond attachement à Pierre MARGAILLAN ; il l’appelait « le coach », et dans la bouche de Michel ce nom lui est resté.

Michel était un bel athlète, il a joué pendant de belles années au club, alors même que sa terrible maladie s’était déjà déclarée. Il a continué ensuite en tant qu’arbitre et puis dirigeant de l’ESM.

Michel a travaillé 30 ans à la mairie de Monteux. Durant la moitié de son temps, c’est-à-dire durant ses 15 dernières années, j’ai été son « patron », c’est ainsi qu’il m’appelait. Alors qu’il n’avait ni la formation ni le grade requis, j’avais fait de lui, outre quelques jaloux qui se seraient bien vus à sa place, j’avais fait de lui le chef du plus gros service de la mairie,. Il dirigeait les « services extérieurs de la ville » qui regroupaient à l’époque les fêtes et cérémonies, les sports, la gestion et l’entretien des bâtiments et des équipements municipaux, y compris les écoles, les stades, le camping et le cimetière, il était responsable des assistantes maternelles dans les écoles ainsi que des relations avec les associations de la ville. Bref, il avait plus de soixante personnes sous sa responsabilité. Ce service, il l’a dirigé de main de maître jusqu’au bout, jusqu’au mois qui a précédé sa disparition.

Son dernier « grand chantier » a été le premier épisode de la Légende des siècles, c’est lui qui a organisé la fête médiévale du 900° anniversaire de la naissance de Saint Gens. Je le revois sur son fauteuil, presque entièrement paralysé, parlant avec beaucoup de difficultés et disant : « le maire nous a lancé un nouveau challenge, … on va le réussir ». Ce challenge, effectivement, il l’a réussi. J’ai été impressionné par ses capacités intellectuelles, sa mémoire, sa capacité d’anticipation, sa volonté, sa finesse d’analyse, sa capacité à trouver des solutions à tous les problèmes. Une forte personnalité, un vrai charisme, Michel a travaillé jusqu’au bout. J’ai été très critiqué par certains qui ne voyait que son handicap et qui me reprochait de prendre des risques excessifs en le gardant en activité. J’ai tenu bon et ses médecins, admiratifs, ont répété que son travail et les responsabilités qu’il exerçait ont prolongé la vie de Michel de plusieurs années… et lui ont permis ainsi de nous donner une leçon de vie extraordinaire.

Je ne peux pas évoquer sa vie professionnelle sans tirer un grand coup de chapeau à son adjoint qui, aujourd’hui, a pris sa succession à la tête du service ; je veux parler de Gilles Ouvier et de ses plus proches collaborateurs. Ce que tu as fait, Gilles, en accompagnant Michel dans tous les gestes quotidiens de la vie, y compris les gestes les plus intimes, personne ne l’aurait fait comme tu l’as fait. Ce que tu as fait, toi et ton équipe, va bien au-delà des relations de travail et de la camaraderie ; tu sais combien je t’en suis reconnaissant. Je sais à quel point tu as été marqué par cette expérience qui a duré des années, toi Gilles, mais aussi toutes celles et tous ceux qui ont travaillé avec nous. Michel nous a laissé une grande leçon de courage et de lucidité. Faire face en toutes circonstances, ne jamais capituler quelle que soit la fatalité, assumer sa faiblesse sans se laisser entamer moralement par celle-ci, telle était la dignité de Michel et l’exemple d’humanité qu’il nous a laissé.

Sébastien et Jérémy, vous pouvez être fiers de votre père et vous de votre fils, Madame et Monsieur PIOVAN. Je me souviens avec émotion de la gaité que nous partagions autour de votre table à l’occasion des grands repas d’amitié que vous organisiez. Vous l’avez accompagné jusqu’au bout et je mesure quelle a été votre souffrance de voir votre fils souffrir, diminuer de jour en jour, sans jamais se plaindre.

Un jour, Michel m’a confié que «quand quelqu’un a un accident de voiture, qu’il tombe dans le coma et que lorsqu’il se réveille le lendemain il se retrouve avec une jambe en moins, il vit un vrai drame, vous imaginez le choc, … eh bien moi, disait-il, ce choc je l’ai tous les matins en me réveillant : une fois c’est une jambe, une autre fois c’est une main, puis un bras, puis les mots qui ne viennent plus … tous les jours, j’ai quelque chose en moins. »

Aujourd’hui, malgré la douleur de l’évocation, je suis heureux de me retrouver ici avec beaucoup de ses amis, des amis auxquels il était très attaché, des amis qui l’ont accompagné de manière exemplaire dans sa maladie. Ses amis sont présents ce soir pour lui rendre l’hommage qu’il mérite. Je suis heureux qu’en donnant son nom aux vestiaires des arbitres on donne Michel en exemple à tous les sportifs qui passeront par là. Michel était un grand sportif et un grand Monsieur. Le fait de donner son nom à un vestiaire est un petit clin d’œil de l’histoire, car figurez-vous que c’est à « rejoindre le vestiaire » qu’il a comparé sa sortie. Permettez-moi pour terminer – ce sera le mot de la fin – de citer des extraits d’une lettre qu’il nous a adressée à la fin de sa vie :

« Mesdames, Messieurs les élu(e)s et employé(e)s communaux, Salut !

Voilà, le moment est venu de rejoindre le vestiaire ; si l’esprit, le cerveau, la motivation sont encore là, au contraire les éléments musculaires s’affaiblissent ; et notamment la voix, la parole devient inaudible par moment et cela est incompatible avec le poste que j’occupe. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir pu former Gilles dans le même état d’esprit que le mien.

Ma conception de rendre service et la flamme qui brûle encore en moi m’ont fait gagner de la vitalité. Bref, je vous avoue que j’ai la gorge serrée mais il faut se faire une raison. Je me console en prenant ceci comme une retraite anticipée.

Ce message en fait est pour vous exprimer toute ma reconnaissance, mes remerciements, à vous qui de près ou de loin m’ont aidé à continuer de travailler malgré le handicap.

Je terminerai en vous souhaitant beaucoup de bonnes choses dans tous les domaines. Je vous dis : Bye ! Bye ! Rendez-vous dans les étoiles !»

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