A Monteux, on fête le 14 juillet, la veille au soir, le 13, c'est mieux pour tous.
Manque de chance, cette année le mistral a empêché le tir du feu d'artifice qui était prévu sur la Place du Marché. Le vent malgré tout n'a pas empêché le tour de ville avec fanfare et lampions. Moment toujours sympathique qui s'est clôturé par une Marseillaise jouée un peu timidement à mon goût.
Ce qui m'a le plus choqué, c'est la Coupo Santo jouée après la Marseillaise. Je n'ai rien contre la Coupo Santo, au contraire, mais la fête provençale, c'est la fête provençale et le 14 juillet, c'est le 14 juillet, c'est la fête nationale, c'est la fête de la République. Faut pas tout mélanger !
Sous prétexte qu'on fait la fête, ce n'est pas une raison pour faire n'importe quoi. Nous avons tous besoin de repères et les moments de fête, précisément, contribuent à entretenir ces repères en rythmant l'année. Les organisateurs doivent y veiller en s'attachant à cultiver ce qui fait la spécificité de chaque fête. A l'époque où la mondialisation progresse, avec ses avantages, mais aussi ses effets pervers, il me semble important d'éviter les métissages abusifs qui, in fine, banalisent tout et font une soupe sans goût. Qu'auriez-vous dit, en effet, si la soupe au pistou servie au repas républicain d'hier soir avait été servie avec du ketchup sous prétexte que certains aiment le ketchup ! Ne mélangeons pas tout.
1 De Ery -
A l'attention des personnes qui oublie que la fête nationale, 14 juillet, voici un texte d'Alice Pouyat, qui rappelle l'historique de cette fête, Il a fallu attendre presqu'un siécle pour que le 14 juillet 1789 soit fêté. Je suis entièrement d'accord qu'il ne faut pas tout mélanger, La marseillaise, notre hymme national, et la Coupo Santo, le régional,
Pourquoi le 14 juillet est-il fête nationale ?
Fête nationale depuis 1880, le 14 juillet commémore la prise de la Bastille de 1789, mais aussi un événement moins connu : la fête de la Fédération de 1790.
Le 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Prise de la Bastille. Anonyme © Musée du Chateau de Versailles
La fête nationale commémore d'abord le 14 juillet 1789, première journée révolutionnaire à portée symbolique. Cet été là, une grande agitation règne à Paris. Face au mécontentement populaire, le roi a réuni les Etats généraux, une assemblée des représentants de la noblesse, du clergé et du tiers-état. Ces derniers demandent une réforme profonde des institutions et, le 9 juillet, se proclament Assemblée nationale constituante. L'initiative inquiète le roi qui fait venir en secret des régiments suisses et allemands à proximité de Versailles. La rumeur court bientôt que les troupes royales se préparent à entrer dans Paris pour arrêter les députés. Le 12 juillet, un orateur harangue la foule qu'il appelle à réagir : c'est Camille Desmoulins, monté sur un tonneau, qui annonce une "Saint Barthélemy des patriotes". Au matin du 14 juillet, des Parisiens en colère vont chercher des armes aux Invalides, puis se dirigent vers la vieille forteresse royale de la Bastille, en quête de poudre. Après une journée de fusillade sanglante, et grâce au ralliement de gardes nationaux, les Parisiens s'en emparent et entament sa démolition. Au final, ils ne libèrent que quelques prisonniers et malfrats sans envergure. Mais cette vieille prison médiévale incarne l'arbitraire de l'Ancien régime. En l'abattant, les Parisiens font tomber un rempart de l'absolutisme. Et cette journée, qui marque le début de la Révolution, restera dans les mémoires comme un jour de liberté. Cependant la fête nationale fait aussi référence à une autre événement moins connu : la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
Le 14 juillet 1790 : fête de la Fédération
La fête de la Fédération sur le Champ-de-Mars. Charles Monet. 1790 © Bibliothèque nationale de France
Depuis l'été 1789, partout dans les provinces françaises se sont créées des "fédérations" régionales de gardes nationaux. Une réaction à l'affaiblissement du pouvoir central. Afin de contrôler ce mouvement spontané, la Commune de Paris, sous l'impulsion de Lafayette, décide de fonder une grande Fédération nationale regroupant des représentants des fédérations locales et de les réunir à Paris le 14 juillet. La cérémonie est censée célébrer la prise de la Bastille, mais aussi apporter un semblant d'ordre et d'unité dans un pays en crise. Le jour dit, 14 000 soldats fédérés arrivent donc à Paris et défilent sous la bannière de leur département, de la Bastille jusqu'au Champ-de-Mars.
Sur une esplanade aménagée pour l'occasion, une grande messe est célébrée, à la suite de quoi le roi Louis XVI jure de maintenir "la Constitution décidée par l'Assemblée nationale". Les 400 000 Parisiens présents ce jour-là acclament leur souverain : la monarchie n'est donc pas remise en cause. L'aspiration à l'union nationale triomphe et la cérémonie se transforme en grande fête populaire. Mais la réconciliation nationale sera de courte durée. Deux ans plus tard, le roi est arrêté et condamné à mort.
1880 : le 14 juillet devient fête nationale
La statue de la place de la République est inaugurée le 14 juillet 1880 © Sénat
Pendant près d'un siècle, la commémoration du 14 juillet est abandonnée. Elle réapparaît en 1880, sous la IIIe République. Le régime, pour se consolider, cherche à construire un nouvel imaginaire national, autour de symboles républicains. C'est ainsi que la Marseillaise devient hymne officiel, et le 14 juillet fête nationale. Mais la proposition qui émane du député de la Seine Benjamin Raspail n'est pas accueillie unanimement par l'Assemblée. Certains députés mettent en cause la violence du 14 juillet 1789. Et c'est finalement autour du 14 juillet 1790 que se fait le consensus.
En 1880, pour la première fête nationale, la République fait les choses en grand. Le ministre de l'Intérieur prescrit aux préfets de veiller à ce que cette journée "soit célébrée avec autant d'éclat que le comportent les ressources locales". Un défilé militaire est organisé sur l'hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du Président Jules Grévy. Il s'agit de montrer le redressement de l'armée française après la défaite contre la Prusse en 1870. Ce défilé militaire, toujours en vigueur, s'inspire aussi du défilé des gardes fédérés de 1790.
Cette année là, on inaugure également le monument surmonté de la statue de la place de la République, et partout sont donnés concerts et feux d'artifices. "La colonne de Juillet" qui surplombe la place de la Bastille, elle, ne se réfère pas au 14 juillet 1789. Elle porte le nom des victimes des journées révolutionnaire de juillet 1830, les "Trois glorieuses".
De 1880 à nos jours
- En 1886 : un femme, cantinière du 131e régiment d'infanterie, défile pour la première fois.
- En 1915 : le défilé militaire se déplace du Champs-de-Mars aux Champs-Elysées.
- En 1919 : c'est le défilé de la victoire qui réunit, sur les Champs-Elysées, les forces des pays alliés.
- En 1936 : après le défilé militaire, un million de personne défile à l'appel des organisations syndicales.
- De 1939 à 1945 : dans le Paris occupé, la journée n'est pas célébrée. Le 14 juillet 1940, à Londres, le général de Gaulle réitère ses appels à la résistance. En juillet 1945, on célèbre la Libération partout en France.