La fête du lac à Annecy

feu de Monteux 2005 par Giel

La fête du lac à Annecy a lieu le 1er samedi d’août. Elle constitue un des grands feux d’artifice français et déplace chaque année quelques 100.000 spectateurs. Un spectacle grandiose dans un cadre enchanteur !

En quoi Monteux est-il concerné ? … Eh bien, par le fait que Monteux, après avoir été la capitale française de la pyrotechnie, reste aujourd’hui une référence dans le domaine de l’innovation.

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Samedi soir, j’étais à Annecy pour la fête du lac, un grand spectacle pyrotechnique signé Lacroix – Ruggieri. 1h30 de spectacle. Grandiose ! 100.000 spectateurs dont 42.000 assis à des places allant de 6 à 36€. Très gros impact pour la ville : tous les hôtels sont pleins, les restaurants ne désemplissent pas, … mais l’impact se mesure également en notoriété pour cette ville de 50.000 habitants qui utilise cet événement pour communiquer sur son dynamisme et la qualité de sa vie.

Cet exemple d’Annecy est intéressant à plus d’un titre pour nous, montiliens.

D’abord, par le site. Le feu d’Annecy est tiré sur un très beau lac dans un écrin de montagnes. Par contre, plus banal que le site de Monteux pour tirer un feu d’artifice, je ne sais pas si ça existe. Quoiqu’il en soit, notre feu attire entre 30 et 40.000 spectateurs chaque année, c’est donc qu’il plaît. Annecy a certainement les défauts de ses qualités : 600 m de plan de tir, c’est énorme, on n’arrive pas à embrasser le spectacle d’un seul regard bien qu’on ait du recul, d’où une perte de concentration et une certaine distanciation. A Monteux, outre la qualité du site, la différence essentielle me paraît être qu’on est beaucoup plus « dans » le feu, plus « pris » par lui ; on le vit plus intensément ! Cette proximité est génératrice d’émotion. A Beaulieu, où le plan d’eau constituera un espace scénique intéressant, il faudra s’attacher à trouver la « bonne ambiance », le bon équilibre des proportions à la manière du théâtre antique d’Orange.

Ensuite, deuxième terme de comparaison, le prélude. Avant le spectacle proprement dit, Lacroix – Ruggieri a présenté l’abécédaire de la pyrotechnie au cours duquel sont expliquées les principales pièces d’artifice : embrasements, fontaines, packs, chandelles, marrons d’air et bombes. C’était une première à Annecy, alors qu’à Monteux cet avant-spectacle a déjà été testé deux fois au cours de ces dernières années. A l’apéritif de clôture avec les artificiers, un journaliste spécialisé m’a interpellé avec enthousiasme en me disant que le feu de Monteux faisait référence. J’ai été surpris de l’entendre me citer les titres des derniers feux de Monteux et de me les commenter. Notre idée d’avant-spectacle pour faire patienter, de manière ludique et instructive à la fois, en attendant les retardataires est en train de faire son chemin.

Troisième élément de comparaison : le texte. De la même manière que l’avant-spectacle, l’existence d’un texte dans nos feux fait école. A Annecy, cette année, le thème était « 2007, tout feu tout slam » ; le texte consistait en des variations poétiques autour du nombre 7. Difficile à suivre à mon avis, avec des jeux sur les mots qui faisaient perdre le sens de l’ensemble ; d’où une impression de décousu. De très beaux tableaux certes, se succédant les uns aux autres, mais sans fil conducteur. A cela, s’ajoutaient des musiques de variétés qui donnaient de la légèreté au spectacle. Le texte, et plus encore le récit lui-même, doivent à mes yeux donner de la cohérence à l’ensemble du spectacle et le doter d’une certaine force dramatique avec des notes d’humour et d’émotion ; c’est ce que nous nous efforçons de faire à Monteux. C’est un choix, je ne dis pas qu’il est meilleur, je dis que c’est différent, de la même manière qu'il existe des différences entre un spectacle de variétés, une opérette, une tragédie etc… Pour David Proteau, le directeur artistique de Lacroix – Ruggieri, un des modèles du genre à Monteux a été « De la Terre à Titan », le feu de 2005.

Voulant conserver à Monteux sa qualité de référence dans le monde de la pyrotechnie, je m’attache chaque année à favoriser l'exploration de nouvelles pistes d’innovation pour qu’à défaut de capitale de la production pyrotechnique, Monteux en reste un de ses laboratoires avec des feux techniques "d'art et d'essai". En 2005, c’était le récit de science-fiction à la manière de Jules Verne. En 2006, c’était l’opéra pyromélodique avec « La flûte enchantée » de Mozart, expérience technique qui s’est révélée hypercontraignante pour le pyrotechnicien, pas complètement concluante à mon sens et de plus perturbée par la pluie ; il faudra y revenir un jour pour l’améliorer. Et cette année, avec "Canta, Europa mia", la difficulté de l’expérience consiste à savoir si on peut parler d’un sujet aussi sensible et controversé que celui de l’Europe et en faire pourtant un spectacle grand public et divertissant. L’expérience le dira, elle comportera de surcroît deux innovations techniques, mais … chut, il faut garder le suspens !

Innover n’est pas un long chemin tranquille, innover c’est prendre des risques. Le public est roi, c’est lui qui dira si l’expérience est concluante ou pas. Attendons … malgré le stress !

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