Les élus locaux mobilisent la population et obtiennent la réouverture de la ligne SNCF Avignon-Carpentras

Publié par Mairie Conseils

En 2006, les maires de sept communes situées sur l’axe Avignon-Carpentras font appel à leurs électeurs pour obtenir la réouverture de la ligne SNCF : la croissance démographique, l’engorgement de la voie rapide et la nécessité de réduire la dépense énergétique ont créé en effet de nouveaux enjeux locaux. Véritable succès, la consultation publique qu’ils ont organisée a conduit le préfet de région à introduire dans le contrat de plan Etat-région 2007-2013 un volet de remise en service de la ligne ferroviaire.

Tout au long de la journée du 13 mai 2006, deux à trois cents amoureux et défenseurs du train, bien installés dans les quelques wagons mis à leur disposition par la SNCF avec le concours de la région, regardent défiler le paysage comme s’ils le découvraient pour la première fois. Entre Sorgues et Carpentras, chaque arrêt est l’occasion d’une manifestation festive animée par les anciens, du cheminot au chef de gare en passant par le garde-barrière, et les plus jeunes aficionados du train, qu’ils soient ou non de la corporation. Plus personne n’avait emprunté la voie ferroviaire depuis 1938, date de la fermeture de la ligne aux voyageurs. Mais aujourd’hui, non loin de la Cité des papes, la vie dans cette région provençale ensoleillée est redevenue bouillonnante. Et si les associations continuent de défendre le train par amour de ce moyen de transport séculaire, la population, elle, réclame de pouvoir se déplacer sans avoir à subir systématiquement les embouteillages de la voie rapide.

Un bassin de vie en expansion

Le nouveau projet de contrat de plan Etat-région, en cours de négociation, ne mentionne pas les problèmes de communication sur les territoires situés au nord-est d’Avignon. Or la ville de Carpentras elle-même et les communautés de communes voisines forment une des zones actuellement les plus dynamiques du département et en pleine croissance démographique. Une croissance qui se traduit par un nouvel essor économique mais aussi par une augmentation gênante des déplacements. Les élus locaux ont donc décidé de saisir le taureau par les cornes. Sept maires des communes riveraines de l’ancienne ligne de train, faisant fi de leurs différentes sensibilités politiques, sont résolus à rassembler leurs forces pour faire appel à la vox populi (1). La journée festive ayant suscité émotion et enthousiasme, ils décident de la faire suivre d’une consultation publique (auprès de 110 000 habitants hors Avignon) organisée dans les mêmes conditions qu’un référendum local.

Sous le slogan « changer de train de vie », une consultation populaire menée tambour battant

Les élus donnent une conférence de presse à Carpentras. « Nous étions fiers, nous, élus des petites ou grandes communes, de tenir un discours unique sur les enjeux de la réouverture de la ligne », explique Christian Gros, maire de Monteux et président de la communauté de communes des Sorgues-du-Comtat. Leurs arguments sont les suivants : économie, rapidité et sécurité du train pour les voyageurs comparé à la route ; respect de l’environnement. Informés lors de réunions publiques, par des lettres du maire à ses administrés et par la presse locale, 20 % des électeurs inscrits (2) se déplacent ou votent par correspondance le samedi 21 octobre, la quasi-totalité d’entre eux (95 % de oui) pour répondre oui à la question : « Etes-vous favorables à la réouverture aux voyageurs de la ligne Avignon-centre/ Carpentras ? ». Seule une petite minorité qui craint d’être importunée par le bruit des trains fera connaître sa désapprobation.

Forts de ces résultats, les maires des sept communes se rendent chez le préfet de région. Celui-ci se laisse aisément convaincre. En janvier 2007, le préfet leur annonce l’accord de l’Etat pour une enveloppe supplémentaire de 230 millions d’euros qui viendra alimenter le contrat de plan sur les quatre critères suivants : grand projet structurant, création d’emplois, protection de l’environnement et réduction des gaz à effet de serre, crédibilité de l’enveloppe financière (qui a fait l’objet d’une estimation par la région et Réseau Ferré de France-RFF). Le projet a convaincu au point qu’une liaison Avignon-centre/Avignon-TGV y a été ajoutée : le trajet concerné par la nouvelle mise en service d’une ligne voyageurs devient Carpentras/ Avignon-TGV et non Carpentras/ Avignon-centre comme les élus l’avaient demandé. Il sera entretenu par RFF, qui reste son propriétaire, la circulation des trains étant assurée par la SNCF.

Un investissement raisonnable à long terme

Reste le dossier financier. Si la ligne est toujours utilisée par RFF pour le fret, elle demeure vétuste et inutilisable pour le trafic des voyageurs et sa mise en conformité sera coûteuse. Le budget apporté dans le contrat de plan sera donc complété par les apports de RFF lui-même (à hauteur de 10 %) et des collectivités territoriales desservies, c’est-à-dire le département et les quatre communautés d’agglomération ou de communes engagées dans le projet (à hauteur de 10 à 15 %). Les éléments manquent encore pour estimer avec exactitude quels seront les coûts supportés par les collectivités. Selon Christian Gros, les emprunts se feront sur cinquante ans, et même si chaque commune devait demander une participation directe à sa population, cela représenterait selon ses calculs un point d’impôt annuel par ménage : « Cela semble raisonnable compte tenu des améliorations apportées par le train dans la vie quotidienne ». Quant aux effets économiques induits, ils sont plutôt favorables. Pour le maire de Monteux, le tronçon réhabilité reliera l’est du Vaucluse à la gare TGV en doublant la voie rapide sur le même axe. Il constituera l’épine dorsale d’un territoire qui est déjà en plein développement.

(1) - Pour la communauté d’agglomération du Grand Avignon : François Leleu, adjoint-au-maire d’Avignon

- Pour la communauté d’agglomération Ventoux-Comtat-Venaissin (Carpentras) : Jean-Claude Andrieu, maire de Carpentras, conseiller régional et président de la communauté

- Pour la communauté de communes des Pays de Rhône et d’Ouvèze : Alain Milon, maire de Sorgues et sénateur du Vaucluse

- Pour la communauté de communes des Sorgues-du-Comtat : Christian Gros, maire de Monteux et président ; Guy Moureau, maire d’Entraigues-sur-Sorgues et vice-président ; Lucien Stanzione, maire d’Althen-les-Paluds et vice-président ; Pierre Gabert, maire de Pernes-les-Fontaines et vice-président

(2) Taux de participation sur le bassin de vie excepté Avignon, soit 20 000 votants.

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