Christian Gros

12 avril 1977 – 12 avril 2007 : voici 30 ans, jour pour jour, sur le site même où nous nous trouvons, qu’une explosion importante détruisait partiellement l’usine d’artifices de Bellerive et affectait durablement la commune.

Cet événement est resté ancré dans nos mémoires : tous, anciens personnels de Ruggieri, familles, élus, habitants de Monteux, nous avons tous été marqués par cet accident.

Par sa violence d’abord, une violence spectaculaire qui a fait des victimes, morts et blessés, un souffle qui a détruit les bâtiments ici, sur le site, mais toutes les vitres sur un large périmètre : écoles, commerces, habitations… ont été aussi touchées par l’explosion.

Marqués, nous l’avons été également par la force du symbole : les artifices sont synonymes de fête, de joie, de liesse. Cette fois, ils apportaient malheur et tristesse, comme une sorte de tribut à payer pour tous les autres moments festifs.

Marqués encore, nous l’avons été par le fait que cette explosion est survenue quatre ans après un autre accident, sur le même site, faisant plus de victimes encore. Ce n’était pas la première explosion, certes, et ce ne sera pas la dernière : mais de nouveau cette fois, elle s’est soldée par des morts et des blessés.

Et puis, marqués enfin, nous l’avons été par le fait que cet accident de 1977 a constitué un tournant dans la vie et le développement de Monteux. Conséquences directes de la catastrophe, des manifestations ont été organisées par la population montilienne pour demander la fermeture des usines situées en ville, et leur déplacement hors de l’agglomération. C’est ce qui a pu être réalisé quelques années après, lorsque les établissements Ruggieri se sont déplacés aux Confines et au Pérussier.

Une petite dizaine d’années après leur déplacement aux Confines, et après avoir été acheté par la société Lacroix, Ruggieri a quitté définitivement Monteux pour la région toulousaine. Une page était tournée.

Et peu à peu, sur les friches mêmes de ce qui a longtemps constitué l’identité industrielle de Monteux : l’artifice, la ville s’est agrandie et développée. Les résultats, on les voit maintenant : Bellerive et le Château d’Eau sont devenus des sites voués au loisir et à la promenade. Breynat et Fabre accueillent maintenant des habitations et des services. Les Confines vont devenir un site naturel et le Pérussier une pépinière d’entreprises. Curieusement, la ville de demain se construit sur les décombres d’hier.

Fort heureusement, grâce à notre politique active de développement économique, d’autres industries ont pris le relais pour assurer la prospérité de la commune.

Les événements dramatiques que nous commémorons aujourd'hui avec leurs conséquences constituent des pages essentielles de notre histoire commune. C’est autour de tels drames vécus ensemble et partagés que se forge souvent une identité. C’est par la manière dont nous nous en souvenons que se définit notre culture.

Voilà Mesdames et Messieurs, le sens du message de la vie qui continue en se nourrissant du passé que je voulais vous délivrer ici par cette manifestation, 30 ans après l’explosion.

Je terminerai en rendant hommage aux victimes des accidents de 1973 et 1977 et à assurer les familles présentes et toutes celles et tous ceux qui ont eu à souffrir de toute notre sympathie, malgré les années qui ont passées.

Je vous remercie.