Cest avec beaucoup de plaisir que je vous accueille et vous souhaite la bienvenue à Monteux à loccasion de cette Assemblée générale de lUnion des Commerçants de Vaucluse.
Pour une association, une AG, cest toujours un grand moment qui permet tout à la fois de regarder dans le rétroviseur et de se projeter en avant. Jespère que les idées qui vont être développées au cours du débat qui va suivre vous permettront de progresser dans votre réflexion et ainsi de devenir plus performants dans votre action quotidienne.
Comme vous venez des quatre coins du Vaucluse, vous me permettrez, ainsi que le veut la coutume, de vous présenter ma commune. Jinsisterai surtout sur notre politique commerciale qui vous intéresse plus particulièrement.
Monteux, en 30 ou 40 ans, est passée dun statut de gros bourg agricole de 5.000 âmes à celui dune petite ville industrieuse de 11.000 habitants. Cette mutation économique et culturelle fait suite à deux événements majeurs : dune part, la grande crise agricole que notre région a connu et, dautre part, latout qua constitué pour nous la construction de cette deux fois deux voies qui nous relie à la vallée du Rhône doù vient léconomie.
Grâce à laction visionnaire de Jean Garcin, Président du Conseil Général, le développement économique nous a permis de suppléer leffacement progressif de lagriculture. Aujourdhui, dans la grande couronne avignonnaise, Monteux est confronté à une problématique de développement que nous nous efforçons, en tant quélus, daccompagner dans tous les aspects de sa complexité.
Nous avons des outils pour cela :
- lanimation, oui lanimation et les fêtes, car celles-ci facilitent lintégration et le vivre ensemble, en même temps quelles permettent de communiquer largement sur la ville, oui lanimation est un outil,
- 2° outil, une politique volontariste de développement économique, car ce développement-là est producteur de richesses et demplois
- ensuite, une politique commerciale que je vais développer un peu plus longuement après,
- et, 4° outil, mais non le moindre, une gestion rigoureuse, très interventionniste et anticipatrice de lurbanisme.
Cest grâce à ce dernier outil que nous nous attachons à maîtriser notre croissance tout en nous assurant une certaine santé financière sans recours à la fiscalité ; notre fiscalité restant, année après année, la plus faible du département.
Les montiliens, nos habitants, ne sont pas des gens riches, ni même des gens aisés, ils ont des revenus au-dessous de la moyenne, ce sont surtout des ouvriers et des employés.
Dans notre politique municipale de développement, le commerce de proximité tient une place très importante à plus dun titre. Vous me permettrez dapporter ici notre témoignage.
Au début des années 90, à Monteux, le commerce de centre ville périclitait à la vitesse grand V. Les commerces fermaient les uns après les autres sans trouver de repreneur ; les commerçants navaient plus la foi ; leur seule ambition était darriver à tenir jusquà leur retraite ; ils se voyaient tous condamnés à terme, écartelés quils étaient entre le centre Leclerc de Carpentras à 4km et le pôle dAuchan à 10 km dici.
Des efforts municipaux onéreux ont été faits pour embellir le centre ville, mais sans grands effets sur le commerce local. En 1996, un audit sur les forces et les faiblesses du commerce de proximité a été réalisé par la CCI dans une quarantaine de villes du Vaucluse dont Monteux. Cet audit nous a révélé une évasion commerciale de plus de 80% en nous renvoyant une image pas très flatteuse de notre appareil commercial. Plaisant ou pas, ce regard extérieur a eu un effet cathartique très important en nous permettant de poser le problème de lavenir en des termes radicaux. C'est ainsi que jai dit à mes commerçants réunis en assemblée générale :
- ou bien, vous baissez les bras, vous crevez les uns après les autres et on nen parle plus
- ou bien, vous et nous, commerçants et élus, on retrousse nos manches et on se bat.
Cest cette 2° solution que nous avons choisie, mais pas à lunanimité il faut bien le dire ; heureusement quil sest trouvé une poignée de commerçants qui y ont cru et qui ont joué le jeu car le scepticisme dominait.
Nous avons donc créé une commission extramunicipale : 6 élus, 6 commerçants, une technicienne de la CCI, plus moi pour faire 14. Et ensemble, nous avons réfléchi, à raison de deux réunions par trimestre, mettant tous les problèmes à plat, bien décidés à prendre en main notre destinée.
La première question que nous nous sommes posés a été : pourquoi nous, commerçants de Monteux, nous ne sommes pas bons ?
Réponse : parce que nos magasins ne sont pas attractifs ! ils sont disséminés sans cohérence ni continuité dans le centre ancien, ils sont vieux et sombres, ils sont difficilement accessibles en voiture, ls manquent notoirement de visibilité et laccueil, lui, manque de chaleur et de professionnalisme.
Remède : Décision a été prise de créer un effet galerie marchande sur le tour de ville où est concentré lessentiel de la circulation routière ainsi que daider tous les magasins à sortir de leur ruelle pour venir sinstaller sur ce tour de ville à la vocation commerciale reconnue et affirmée par tous. On a donné à une supérette de 300m² les moyens de sinstaller sur la Place devant la Mairie pour passer à la taille supérieure de 1000m² avec mission de jouer un rôle de locomotive et de retenir captive une partie de la clientèle qui sévadait à Auchan ou chez Leclerc.
Ce pari de sortir tout le monde du centre ancien a été tenu en 5 ans : il ny a désormais plus aucun commerce dans le centre ancien ; mais maintenant que la mayonnaise a pris sur le tour de ville, les commerces, avec notre aide, vont réinvestir le centre, mais pas nimporte quels commerces et pas nimporte où.
Avec le recul, je peux dire aujourdhui que notre pari a été gagné pour deux raisons principales :
- dabord, grâce à la confiance, à la complicité, au partenariat très étroit qui sest construit entre la Municipalité et lUnion des commerçants de Monteux ; cette confiance nétait pas acquise au départ, jétais considéré par beaucoup comme un doux rêveur, mais cette confiance sest vite nourrie de lexpérience des commerçants les plus audacieux qui ont tenté laventure en sortant de leur ruelle et qui, dans lannée, ont doublé, voire triplé leur chiffre daffaires ;
- 2° raison du succès : une volonté politique forte de la part de la Municipalité qui sest traduite par un interventionnisme immobilier courageux ; nous avons acheté tout ce qui bougeait sur le tour de ville pour le restaurer et le recéder à des commerçants ; ce petit jeu de Monopoly ne nous a finalement pas coûté grand-chose pour ce qui a été réalisé dans cette première phase de sauvetage des commerces de première nécessité.
Une phase suivante vient de démarrer pour laquelle nous venons dacquérir trois bâtiments en attente de reconversion, pour un montant total de 2 millions deuros, du fait qu'ils étaient situés en des points stratégiques de la ville. Le projet commercial est en cours délaboration avec lUnion des commerçants.
Si nous, Municipalité, nous nous sommes autant engagés auprès de nos commerçants, ce nest pas par pure philanthropie pour - peuchère - venir en aide à des canards boiteux. Non !
Si nous avons fait ce que nous avons fait, cest parce que nous croyons au rôle irremplaçable du commerce de proximité, un rôle qui se décline en 3 points :
- le commerçant de centre ville est un acteur essentiel danimation de la cité
- il crée et entretient le lien social, donnant à chacun et à chacune le sentiment dexister et dêtre reconnu
- il facilite lintégration des habitants et fortifie le sentiment dappartenance à une communauté de vie.
- Il contribue largement ainsi à ce qui fait le charme de la vie dans nos petites villes à taille humaine.
Maintenant que nous sommes organisés en intercommunalité, notre volonté politique, nous lavons portée au niveau de notre communauté de communes. Nos 4 associations locales de commerçants ont créé une fédération intercommunale. Et alors que les associations locales soccupent essentiellement des actions danimation locale, la fédération et la communauté de communes, en étroit partenariat, travaillent sur toutes les questions daménagement et de structuration des centres villes ainsi que sur la mise en place dune démarche qualité. Objectif : être attractif !
Comme je ne cesse de le répéter, le commerce de proximité na de salut que collectif. Le concurrent, ce nest pas le commerçant den face ; le vrai concurrent, cest la très grande distribution qui vide nos centres villes. Or, si cette très grande distribution a gagné des parts de marché, cest parce quelle a su être plus attractive que nous.
Jen parlais récemment avec le responsable dImmochan qui ma expliqué quils navaient pas beaucoup de mérite à être meilleurs que nous, du fait que nous, globalement, nous élus et commerçants réunis, nous sommes mauvais : pas dunité de lieu, pas deffet galerie marchande, pas de démarche qualité, pas dentente entre les commerçants, individualisme forcené, respect insuffisant du client, peu ou pas du tout de produits dappel, etc Dans la galerie marchande dAuchan, quand une enseigne bat de laile, Immochan la rachète et en installe une autre, quitte à y perdre un peu, mais cest un moindre mal, car un commerce défaillant pénalise tous les autres.
Nous avons beaucoup à apprendre de la grande distribution. Mais je pense sincèrement quil y a une vraie place pour le commerce de proximité à condition dy croire, à condition davoir une approche très professionnelle et à condition de sen donner les moyens.
Et pour ce dernier point, le partenariat intercommunal paraît effectivement la bonne échelle.
Le combat du petit commerce contre la grande distribution nest pas perdu davance, soyez-en, soyons-en convaincus ! Cest un peu le combat de David contre Goliath dont on sait qui a gagné. Ici gagner ne signifie pas tuer lautre, mais seulement trouver sa place et tirer son épingle du jeu.
Quels sont les atouts de David ? avec quelles armes va-t-il se battre ? sa taille humaine ! son relationnel de qualité ! son service ! son conseil ! son authenticité ! sa mobilité ! son adaptabilité ! son intelligence ! et son courage !
Voilà, Mesdames et Messieurs les commerçants, ce sera ma conclusion en forme de boutade : si vous voulez gagner, eh bien faites comme David contre Goliath, ne vous dégonflez pas, soyez intelligents, organisez vous et visez bien !
1 De ADPEM association de défense et de protection de l'environnement à Monteux -
Bloquer l'agrandissement du ALDI, est-ce aussi un moyen que vous avez choisi pour maintenir les petits commerces à Monteux ?
Avez-vous pensé à ceux qui ne peuvent pas se permettre de tout acheter chez Coccinelle et 8/8 ?
Qu'avez-vous fait pour éviter que M. et Mme DUCLAUX ne cèdent leur activité à une banque ? (ce qui ne contribuera que peu à animer la ville et à attirer les Montiliens dans le quartier commerçant proche de la Mairie).
Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet lié au rachat de bâtiments par la ville (ou la communauté des commune) ?
Espérant que le modérateur de commentaire ne bloquera pas ce message, sur votre intervention ...
2 De Christian Gros -
Depuis plus de 10 ans, notre politique commerciale est élaborée en concertation étroite avec l'union des commerçants de la ville. Des choix concertés ont été faits et des règles ont été inscrites dans notre plan d'occupation des sols. C'est à ce prix qu'aujourd'hui le commerce de proximité a été sauvé du déclin qu'il a connu dans les années 80 et au début des années 90.
La reprise par une banque des établissements Duclaux n'est pas un facteur d'attractivité commerciale, j'en conviens tout à fait et j'aurais préféré effectivement une activité plus porteuse commercialement. Hélas, nous n'avons pas eu d'outils juridiques pour l'empêcher. C'est la preuve que la commune ne dispose pas de tous les pouvoirs ; le regretteriez-vous ?
La politique d'achat par la commune, ou la communauté, de bâtiments stratégiques procède du projet de développement commercial auquel nous travaillons avec l'UCAM.