Assemblée générale de l’Union des Commerçants de Vaucluse - Monteux - 26 mars 2007

Présentation de la politique commerciale de la ville de Monteux. L'ouverture qu'offre l'intercommunalité. Le commerce de centre ville peut tirer son épingle du jeu à condition d’y croire, à condition d’avoir une approche très professionnelle et à condition de s’en donner les moyens. Vous trouverez en suivant le lien ci-dessous le discours d'accueil que j'ai prononcé

C’est avec beaucoup de plaisir que je vous accueille et vous souhaite la bienvenue à Monteux à l’occasion de cette Assemblée générale de l’Union des Commerçants de Vaucluse.

Pour une association, une AG, c’est toujours un grand moment qui permet tout à la fois de regarder dans le rétroviseur et de se projeter en avant. J’espère que les idées qui vont être développées au cours du débat qui va suivre vous permettront de progresser dans votre réflexion et ainsi de devenir plus performants dans votre action quotidienne.

Comme vous venez des quatre coins du Vaucluse, vous me permettrez, ainsi que le veut la coutume, de vous présenter ma commune. J’insisterai surtout sur notre politique commerciale qui vous intéresse plus particulièrement.

Monteux, en 30 ou 40 ans, est passée d’un statut de gros bourg agricole de 5.000 âmes à celui d’une petite ville industrieuse de 11.000 habitants. Cette mutation économique et culturelle fait suite à deux événements majeurs : d’une part, la grande crise agricole que notre région a connu et, d’autre part, l’atout qu’a constitué pour nous la construction de cette deux fois deux voies qui nous relie à la vallée du Rhône d’où vient l’économie.

Grâce à l’action visionnaire de Jean Garcin, Président du Conseil Général, le développement économique nous a permis de suppléer l’effacement progressif de l’agriculture. Aujourd’hui, dans la grande couronne avignonnaise, Monteux est confronté à une problématique de développement que nous nous efforçons, en tant qu’élus, d’accompagner dans tous les aspects de sa complexité.

Nous avons des outils pour cela :

- l’animation, oui l’animation et les fêtes, car celles-ci facilitent l’intégration et le vivre ensemble, en même temps qu’elles permettent de communiquer largement sur la ville, oui l’animation est un outil,

- 2° outil, une politique volontariste de développement économique, car ce développement-là est producteur de richesses et d’emplois

- ensuite, une politique commerciale que je vais développer un peu plus longuement après,

- et, 4° outil, mais non le moindre, une gestion rigoureuse, très interventionniste et anticipatrice de l’urbanisme.

C’est grâce à ce dernier outil que nous nous attachons à maîtriser notre croissance tout en nous assurant une certaine santé financière sans recours à la fiscalité ; notre fiscalité restant, année après année, la plus faible du département.

Les montiliens, nos habitants, ne sont pas des gens riches, ni même des gens aisés, ils ont des revenus au-dessous de la moyenne, ce sont surtout des ouvriers et des employés.

Dans notre politique municipale de développement, le commerce de proximité tient une place très importante à plus d’un titre. Vous me permettrez d’apporter ici notre témoignage.

Au début des années 90, à Monteux, le commerce de centre ville périclitait à la vitesse grand V. Les commerces fermaient les uns après les autres sans trouver de repreneur ; les commerçants n’avaient plus la foi ; leur seule ambition était d’arriver à tenir jusqu’à leur retraite ; ils se voyaient tous condamnés à terme, écartelés qu’ils étaient entre le centre Leclerc de Carpentras à 4km et le pôle d’Auchan à 10 km d’ici.

Des efforts municipaux onéreux ont été faits pour embellir le centre ville, mais sans grands effets sur le commerce local. En 1996, un audit sur les forces et les faiblesses du commerce de proximité a été réalisé par la CCI dans une quarantaine de villes du Vaucluse dont Monteux. Cet audit nous a révélé une évasion commerciale de plus de 80% en nous renvoyant une image pas très flatteuse de notre appareil commercial. Plaisant ou pas, ce regard extérieur a eu un effet cathartique très important en nous permettant de poser le problème de l’avenir en des termes radicaux. C'est ainsi que j’ai dit à mes commerçants réunis en assemblée générale :

- ou bien, vous baissez les bras, vous crevez les uns après les autres et on n’en parle plus

- ou bien, vous et nous, commerçants et élus, on retrousse nos manches et on se bat.

C’est cette 2° solution que nous avons choisie, mais pas à l’unanimité il faut bien le dire ; heureusement qu’il s’est trouvé une poignée de commerçants qui y ont cru et qui ont joué le jeu car le scepticisme dominait.

Nous avons donc créé une commission extramunicipale : 6 élus, 6 commerçants, une technicienne de la CCI, plus moi pour faire 14. Et ensemble, nous avons réfléchi, à raison de deux réunions par trimestre, mettant tous les problèmes à plat, bien décidés à prendre en main notre destinée.

La première question que nous nous sommes posés a été : pourquoi nous, commerçants de Monteux, nous ne sommes pas bons ?

Réponse : parce que nos magasins ne sont pas attractifs ! ils sont disséminés sans cohérence ni continuité dans le centre ancien, ils sont vieux et sombres, ils sont difficilement accessibles en voiture, ls manquent notoirement de visibilité et l’accueil, lui, manque de chaleur et de professionnalisme.

Remède : Décision a été prise de créer un effet galerie marchande sur le tour de ville où est concentré l’essentiel de la circulation routière ainsi que d’aider tous les magasins à sortir de leur ruelle pour venir s’installer sur ce tour de ville à la vocation commerciale reconnue et affirmée par tous. On a donné à une supérette de 300m² les moyens de s’installer sur la Place devant la Mairie pour passer à la taille supérieure de 1000m² avec mission de jouer un rôle de locomotive et de retenir captive une partie de la clientèle qui s’évadait à Auchan ou chez Leclerc.

Ce pari de sortir tout le monde du centre ancien a été tenu en 5 ans : il n’y a désormais plus aucun commerce dans le centre ancien ; mais maintenant que la mayonnaise a pris sur le tour de ville, les commerces, avec notre aide, vont réinvestir le centre, mais pas n’importe quels commerces et pas n’importe où.

Avec le recul, je peux dire aujourd’hui que notre pari a été gagné pour deux raisons principales :

- d’abord, grâce à la confiance, à la complicité, au partenariat très étroit qui s’est construit entre la Municipalité et l’Union des commerçants de Monteux ; cette confiance n’était pas acquise au départ, j’étais considéré par beaucoup comme un doux rêveur, mais cette confiance s’est vite nourrie de l’expérience des commerçants les plus audacieux qui ont tenté l’aventure en sortant de leur ruelle et qui, dans l’année, ont doublé, voire triplé leur chiffre d’affaires ;

- 2° raison du succès : une volonté politique forte de la part de la Municipalité qui s’est traduite par un interventionnisme immobilier courageux ; nous avons acheté tout ce qui bougeait sur le tour de ville pour le restaurer et le recéder à des commerçants ; ce petit jeu de Monopoly ne nous a finalement pas coûté grand-chose pour ce qui a été réalisé dans cette première phase de sauvetage des commerces de première nécessité.

Une phase suivante vient de démarrer pour laquelle nous venons d’acquérir trois bâtiments en attente de reconversion, pour un montant total de 2 millions d’euros, du fait qu'ils étaient situés en des points stratégiques de la ville. Le projet commercial est en cours d’élaboration avec l’Union des commerçants.

Si nous, Municipalité, nous nous sommes autant engagés auprès de nos commerçants, ce n’est pas par pure philanthropie pour - peuchère - venir en aide à des canards boiteux. Non !

Si nous avons fait ce que nous avons fait, c’est parce que nous croyons au rôle irremplaçable du commerce de proximité, un rôle qui se décline en 3 points :

- le commerçant de centre ville est un acteur essentiel d’animation de la cité

- il crée et entretient le lien social, donnant à chacun et à chacune le sentiment d’exister et d’être reconnu

- il facilite l’intégration des habitants et fortifie le sentiment d’appartenance à une communauté de vie.

- Il contribue largement ainsi à ce qui fait le charme de la vie dans nos petites villes à taille humaine.

Maintenant que nous sommes organisés en intercommunalité, notre volonté politique, nous l’avons portée au niveau de notre communauté de communes. Nos 4 associations locales de commerçants ont créé une fédération intercommunale. Et alors que les associations locales s’occupent essentiellement des actions d’animation locale, la fédération et la communauté de communes, en étroit partenariat, travaillent sur toutes les questions d’aménagement et de structuration des centres villes ainsi que sur la mise en place d’une démarche qualité. Objectif : être attractif !

Comme je ne cesse de le répéter, le commerce de proximité n’a de salut que collectif. Le concurrent, ce n’est pas le commerçant d’en face ; le vrai concurrent, c’est la très grande distribution qui vide nos centres villes. Or, si cette très grande distribution a gagné des parts de marché, c’est parce qu’elle a su être plus attractive que nous.

J’en parlais récemment avec le responsable d’Immochan qui m’a expliqué qu’ils n’avaient pas beaucoup de mérite à être meilleurs que nous, du fait que nous, globalement, nous élus et commerçants réunis, nous sommes mauvais : pas d’unité de lieu, pas d’effet galerie marchande, pas de démarche qualité, pas d’entente entre les commerçants, individualisme forcené, respect insuffisant du client, peu ou pas du tout de produits d’appel, etc … Dans la galerie marchande d’Auchan, quand une enseigne bat de l’aile, Immochan la rachète et en installe une autre, quitte à y perdre un peu, mais c’est un moindre mal, car un commerce défaillant pénalise tous les autres.

Nous avons beaucoup à apprendre de la grande distribution. Mais je pense sincèrement qu’il y a une vraie place pour le commerce de proximité à condition d’y croire, à condition d’avoir une approche très professionnelle et à condition de s’en donner les moyens.

Et pour ce dernier point, le partenariat intercommunal paraît effectivement la bonne échelle.

Le combat du petit commerce contre la grande distribution n’est pas perdu d’avance, soyez-en, soyons-en convaincus ! C’est un peu le combat de David contre Goliath dont on sait qui a gagné. Ici gagner ne signifie pas tuer l’autre, mais seulement trouver sa place et tirer son épingle du jeu.

Quels sont les atouts de David ? avec quelles armes va-t-il se battre ? sa taille humaine ! son relationnel de qualité ! son service ! son conseil ! son authenticité ! sa mobilité ! son adaptabilité ! son intelligence ! et … son courage !

Voilà, Mesdames et Messieurs les commerçants, ce sera ma conclusion en forme de boutade : si vous voulez gagner, eh bien faites comme David contre Goliath, ne vous dégonflez pas, soyez intelligents, organisez vous et … visez bien !

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://christiangros.fr/trackback/23

Haut de page