Merci à toutes les personnes présentes mercredi soir, Place des Droits de l’Homme, pour rendre hommage à Samuel Paty.
Merci chers collègues élus, merci aux conseillers municipaux cadets et jeunes, aux jeunes chanteurs de l’Ecole de Musique et de Spectacul’art et à leurs professeurs, aux élèves du collège Alphonse Silve, aux sapeurs-pompiers, aux policiers municipaux et nationaux et à monsieur le Commissaire de police de Carpentras d’avoir participé à ce recueillement et d’en avoir fait un bel hommage riche en émotions.
Nous avons tous respecté les gestes barrières que la situation sanitaire nous impose mais cela ne nous a pas empêché d’être tous unis pour défendre la liberté d’expression et dénoncer ce crime abominable.
Lors de cet hommage, voici le discours que j’ai prononcé :
Je suis particulièrement touché de vous voir tous réunis ici ce soir pour ce moment de recueillement en hommage à Samuel Paty, un professeur de collège mort pour avoir enseigné la liberté d’expression à ses élèves.
Une fois de plus, la barbarie a frappé notre pays et nous conduit à nous réunir sur cette Place des Droits de l’Homme, déjà témoin de notre tristesse en 2015 suite aux attentats.
Alors oui, le contexte sanitaire particulier que nous vivons aujourd’hui, nous contraint à être prudents et à limiter les contacts, mais ces rassemblements sont exceptionnellement autorisés partout en France, car face à un tel événement,
Nous tous, citoyens, citoyennes,
Français, Françaises,
Montiliens et Montiliennes,
nous ne pouvons pas passer ce tragique événement sous silence et ne pas rendre hommage à cette nouvelle victime et à sa famille.
Ensemble, nous nous sentons moins seuls devant l’inimaginable, un fait qui dépasse l’entendement, un acte que nous devons tous dénoncer.
Samuel Paty avait 47 ans, il était professeur d’histoire-géographie, en charge de l’enseignement moral et civique au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines.
Il a été froidement décapité – je dis bien décapité pour souligner l’horreur – c’était le vendredi 16 octobre alors qu’il rentrait chez lui après sa journée de travail.
La raison ? il avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves pour leur expliquer l’attentat de Charlie Hebdo et ce que représentait la liberté de pensée et la liberté d’expression.
Comment commettre un tel acte avec préméditation, un tel acte barbare sur un homme, un père de famille, un mari, un fils, un ami, qui exerçait simplement son métier avec conviction et qui défendait les valeurs de la France ?
Comment un jeune de 18 ans, tout juste sorti de l’adolescence, peut-il commettre un acte aussi criminel pour crier à la face du monde « Non à la liberté d’expression ! », au péril de sa propre vie et au nom d’un fanatisme religieux de la pire espèce ? Incompréhensible ! Innommable ! Intolérable dans le pays des Droits de l’Homme.
Au nom d’une religion qui n’a de religion que le nom, ces barbares s’en prennent à tous les fondements de notre République et ne reculent devant rien pour imposer la terreur. La vie semble n’avoir aucun sens pour eux, ni la leur, encore moins celle des autres.
Face à cette folie meurtrière, nous devons être solidaires, oui, chers amis, nous devons nous rassembler.
Oui, il est important de rendre hommage à ces victimes mais il ne faut pas se contenter de cela.
En 2015, nous l’avons fait. On avait dit que les choses devaient changer. Or, 5 ans après, nous franchissons une étape supplémentaire. Après les journalistes, les policiers, les citoyens lambdas faisant leurs courses ou profitant de la vie en faisant la fête, … voilà que nos professeurs sont maintenant visés par ces terroristes. Et j’ai envie de dire comme le dit Charlie Hebdo : … Demain, à qui le tour ?
Ce crime abominable nous touche tous, c’est un crime sordide contre chacune et chacun de nous.
Ceux qui ont côtoyé Samuel Paty le décrivent comme un professeur bienveillant, très investi dans son métier, un homme de dialogue, ouvert d’esprit et favorable au débat.
Aussi, quand je vois comment a été « payé en retour » cet enseignant qui expliquait à ses élèves de 4ème la liberté d’expression dans la République qui est la nôtre, je reste sidéré.
Je sais ce que c’est que d’être professeur, je l’ai été durant toute ma vie professionnelle. Un beau métier, une vocation ! Transmettre la connaissance, apprendre à nos enfants à raisonner, les aider à se construire ; cela requiert un engagement fort et en profondeur de l’enseignant.
Je tiens, à ce propos, à exprimer toute ma solidarité et mon profond soutien aux enseignants et à tous les personnels éducatifs dont la mission d’éveil à la connaissance et à la liberté de penser par soi-même est irremplaçable, indispensable. Leur engagement et leur dévouement au service de nos enfants et de nos jeunes est remarquable.
Même s’il y aura un avant et un après 16 octobre 2020, nous les exhortons à persévérer dans la formation de l’esprit critique de nos enfants. Ne serait-ce que pour honorer la mémoire de Samuel Paty, et dire au monde que si l’assassin avait eu lui-même cette formation, il n’aurait peut-être pas été autant fanatisé qu’il l’a été.
En votre nom à tous, chers amis Montiliens, j’adresse également mes sincères condoléances à la famille de Samuel Paty, à ses amis, à ses collègues et à ses élèves. Nous partageons avec eux la profonde émotion qui a saisi tout le pays depuis vendredi.
En effet, ce n’est pas seulement la communauté éducative qui est meurtrie, c’est toute la France et la République touchées en plein cœur, contestées dans leurs principes fondateurs.
Une fois de plus, nos valeurs telles que nos lois, notre volonté commune et notre histoire les conçoivent, sont violemment mises en cause. Nous ne pouvons pas ne pas réagir car ce serait donner raison à un obscurantisme religieux qui cherche à les bafouer.
C’est pourquoi, mes chers amis, c’est tous ensemble, que nous devons
Revigorer nos idéaux, y croire plus que jamais pour les défendre et les appliquer au quotidien
Refuser l’obscurantisme
S’enrichir de nos différences plutôt que d’en avoir peur
Seule une union forte, une union indéfectible pourra nous permettre, à nous citoyens français et fiers de l’être, de faire face à cette déferlante de haine et de barbarie.
Soyons unis, chers amis, refusons toute division qui touche à l’essentiel de nos valeurs, de notre humanité, de ce qui fait notre civilisation.
L’union fait la force, Unitas Fortitudo, telle est la devise de Monteux, est-il besoin de le rappeler ?
Alors dans toute la France, à Paris, en ce moment même, dans la cour de la Sorbonne, et ici à Monteux, rendons tous hommage à Samuel Paty, victime innocente de l’obscurantisme radical.
Résistons ! N’ayons pas peur ! Clamons haut et fort : « Je suis Samuel », « Je suis enseignant »
Vive la France
Vive la République
1 De Frederic Schendel -
Merci pour votre hommage et cette capacité à mettre des mots sur l'innommable.