Permettez-moi de commencer mon propos en citant deux noms :
- Emile BONNEFOY
- Marcel GARDIOL
Ces noms, chers amis, ce sont ceux des deux ouvriers de Ruggieri qui ont perdu la vie ici-même lors de l’explosion de l’usine de Bellerive en 1977.
Oui, c’est ici-même, il y a 40 ans jour pour jour, le 12 avril 1977, à 15h17 que le drame s’est produit.
12 avril 1977, comme cette année c’était au lendemain des fêtes de Pâques. Tout était calme, comme aujourd’hui, puis, au milieu de l’après-midi de terribles explosions ont secoué la ville et toute la région voisine. Rien ne laissait présager ce drame.
Cet événement est resté ancré dans nos mémoires : tous, anciens de Ruggieri, familles, élus, habitants de Monteux, nous avons tous été marqués par cet accident. Et tout d’abord par sa violence. Une violence spectaculaire qui a fait 2 morts, mais aussi 16 blessés dont 12 enfants à l’école primaire et au collège. Le souffle a balayé les bâtiments ici sur le site, mais aussi toutes les vitres alentour sur un large périmètre : écoles, commerces, habitations ont été touchées par l’explosion.
Cet accident nous a également marqué parce qu’il est survenu seulement quatre ans après un autre accident qui avait fait encore plus de victimes. Ici à Bellerive, c’était le 31 juillet 1973, quatre artificiers ont perdu la vie : Michèle BEAUDOIN, Edith DEFFERT, Madeleine FLECHAIRE et Catherine PUT.
A Monteux, dans les jours qui suivirent l’explosion, la colère succéda à l’abattement. Beaucoup s’étonnèrent qu’une usine pyrotechnique ait pu être construite si près des habitations et des écoles. Mais ce n’était pas la seule dans ce cas ! A cette époque, notre commune comptait quatre usines de fabrication de feu d’artifice ; toutes étaient à proximité du centre ville !
L’année 1977 constitue ainsi un tournant dans la vie et le développement de Monteux. Des manifestations sont organisées par la population pour demander la fermeture des usines situées en ville et leur déplacement hors de l’agglomération. L’usine de Bellerive ferme immédiatement ses portes et un plan de déplacement hors agglomération de tous les établissements pyrotechniques de la ville est très vite à l’étude.
La municipalité de Raymond Chabran, Maire de Monteux de 1977 à 1989, rachète alors aux établissements Ruggieri les sites pyrotechniques de Bellerive et de Bertier et en 1984, Ruggieri s’installe finalement aux Confines et au Pérussier.
Malgré les drames, l’industrie pyrotechnique aura encore de beaux jours devant elle. La dernière usine de Monteux ne fermera qu’au cours des années 90 avec le rachat des établissements Ruggieri par la société Lacroix et leur départ pour la région toulousaine. Une page était tournée !
Comme disait Raymond Chabran, « Sans oublier le passé, nous nous sommes tournés vers d’autres avenirs ». Peu à peu, les principaux sites ont été transformés. La ville s’est développée sur ces friches industrielles : Parc Bellerive, boulodrome et camping ici-même, Crèche La Belle Bleue dans le quartier Breynat, salle des fêtes et Parc du Château d’Eau le long du boulevard d’Avignon, site naturel des Confines, pépinières d’entreprises sur le site du Pérussier.
En 2013, en hommage à tous les artificiers, la commune a fait ériger une sculpture lumineuse de 9 mètres de haut à l’angle du parc du Château d’Eau dénommé « carrefour des artificiers ». A voir le succès qu’elle remporte depuis, on mesure tout l’attachement des Montiliens à leur passé pyrotechnique.
La pyrotechnie fait partie de notre identité communale. Elle constitue une page essentielle de notre histoire. Monteux s’est développée avec et grâce à la pyrotechnie pour le meilleur et pour le pire !
C’est devant cette stèle commémorative, inaugurée le 12 avril 1979 à l’initiative de William Kayser, ancien ouvrier de Ruggieri et adjoint de Raymond Chabran, que nous nous retrouvons chaque 12 avril pour rendre hommage aux victimes des accidents pyrotechniques. Cette année, pour la première fois depuis 40 ans, cette commémoration a lieu sans Raymond Chabran qui nous a quittés en janvier dernier. J’ai une pensée émue pour lui aujourd’hui car je sais combien ce 12 avril 1977 l’a marqué en tant que Maire et en tant qu’homme.
André Malraux a donné le sens et la portée de toute commémoration lorsqu'il a dit : « Sachons-nous unis par un avenir fraternel plus encore que par un passé commun ». C'est ce devoir de transmission d'un passé commun pour un avenir fraternel, auquel Raymond Chabran était très attaché, que je m’efforce de mettre en œuvre à Monteux aussi souvent que possible. Le Monteux d’aujourd’hui est le fruit de notre histoire. C’est pourquoi, 40 ans après, même si les Montiliens ont su dépasser ces catastrophes liées aux établissements pyrotechniques, il est important que l’on se souvienne tous ensemble de ce 12 avril 1977. Aujourd’hui, tous ensemble, nous disons aux victimes et aux familles des victimes de ces terribles drames : « nous n’oublions pas ».
Pour conclure, je remercie Mireille Marie, la présidente de la Fédération Nationale des accidentés du Travail qui a mis à l’honneur cette commémoration annuelle. Merci aussi aux familles des victimes qui ont accepté de partager ce moment avec nous et dont on imagine aisément la peine.
Enfin merci encore à chacune et à chacun d’entre vous d’être présents.
Chers amis, après le dépôt des gerbes, je vous invite à vous rendre en cortège à l’Office de tourisme, situé sur le parvis de la gare, pour inaugurer l’exposition « Monteux et la pyrotechnie » et découvrir le film témoignage réalisé à l’occasion du 40ème anniversaire de l’explosion de l’usine Bellerive de Ruggieri.
Je vous remercie.