Dimanche, j’ai eu le plaisir d’inaugurer un buste de Jean Jaurès, sur la place du même nom, oeuvre du sculpteur Noël POURTAL.
Clin d’œil de l’histoire, à quelques jours de l’assassinat par des terroristes d’Hervé GOURDEL qui met la France en deuil, on inaugure ce buste de Jean Jaurès qui lui aussi a été assassiné par un criminel nationaliste le 31 juillet 1914 à la veille de la déclaration de guerre, lui qui y était fortement opposé.
Jean Jaurès est né à Castres dans le Tarn le 03 septembre 1859. Professeur, député du Tarn à 25 ans, journaliste, il est le premier directeur du journal « L’Humanité » et le premier président du Parti Socialiste français.
Humaniste, très attaché au principe de laïcité, Jaurès participe à la rédaction de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.
Durant les 10 dernières années de sa vie, Jaurès lutte en vain contre la venue de la guerre. Pacifiste convaincu, il est très inquiet face à la montée des nationalistes et aux rivalités entre les grandes puissances.
Excellent tribun, Jaurès a marqué son temps. Voici quelques extraits de son célèbre discours d’Albi, discours à la jeunesse :
« Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c'est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie.
Le courage, c'est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c'est de garder dans les lassitudes inévitables l'habitude du travail et de l'action.
Le courage, c'est d'accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l'art, d'accueillir, d'explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d'éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l'organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes.
Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas être accablé et de continuer son chemin.
Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. »
Voici ce que dit Noël Pourtal de son oeuvre :
J'ai cherché à sortir quelque peu de l'image de Jean Jaurès la plus couramment répandue (peut-être à cause des photos les plus connues), celle d'un vieil homme (or il n'avait à sa mort que 55 ans …), pacifiste avant tout, et assassiné pour cela, juste avant la guerre qu'il cherchait à éviter. Je me suis donc plongé dans sa biographie, et ai retrouvé une toute autre image : celle d'un homme du Sud-Ouest, au physique de rugbyman, dont toute la vie publique a été dominée par la détermination et le sens du rassemblement pour l'action collective au service de l'émancipation des travailleurs. Les portraits qui m'ont guidé sont celui du jeune homme, et surtout celui pris par Nadar, dont j'ai essayé par ce buste de rendre la force qui s'en dégage.